Présentation
"JAN VANEK, une technique au carrefour de plusieurs mondes
Toute personne qui a vécu un concert de Jan Vanek est repartie grandie par une expérience pleine d’humanité et d’intense émotion. On évoque souvent la spiritualité de la musique de ce grand musicien, et ses voyages, mais trop peu souvent sa fantastique technique guitaristique. Pourtant Jan Vanek est probablement l’un des grands virtuoses du monde de la guitare. Sa technique singulière porte en elle le métissage et la richesse culturelle de son univers musical. Elle est au carrefour de plusieurs mondes.
> Entre jazz manouche et flamenco, un jeu aux doigts d’inspiration « plectrienne »
Lorsqu’il a entendu pour la première fois le célèbre album « A Friday Night in San Francisco » de Paco de Lucia, Al Di Meola et John McLaughlin, Jan Vanek a cru que Al Di Meola jouait ses gammes supersoniques aux doigts alors que sa vitesse légendaire était dû en réalité à sa technique très développée et souple du médiator. Cherchant à imiter le célèbre guitariste américain, et nourri par les terribles gammes rapides de Paco de Lucia, Jan Vanek va réussir à développer une technique tout à fait singulière.
Il réussit à produire avec les doigts de la main droite un son proche de l’attaque franche du médiator, en atteignant des tempi et une vitesse d’exécution inégalés sans plectre. Pour cela, il a développé une technique très personnelle, inspirée du « picado » flamenco, qu’il réalise à trois doigts (a/m/i) alors que tous les guitaristes flamenco la réalise à deux doigts seulement (m/i). Le pouce de la main droite reste très stable et toujours posé soit sur la corde de mi grave soit sur la table. La virtuosité de ses gammes est rendue possible par cette précision de ma main droite, une grande souplesse de la main gauche et un relâchement total du corps en parfaite communion avec l’instrument.
Son attaque franche et puissante en buté à la main droite lui permet de s’approcher du son caractéristique de la guitare jazz manouche, malgré le fait que Jan Vanek utilise une guitare de facture classique en cordes nylon. (Sachant que Jan joue plutôt un Jazz Progressif très personnel et qu’il maîtrise également les techniques du médiator).
Ainsi dans un même morceau, Jan Vanek peut alterner un son rond et des arpèges typiques de la guitare classique, des enchaînements d’accords complexes issus du jazz, et des gammes rapides proches de l’univers du flamenco, de la guitare manouche et de la musique indienne.
> Du rythme et de la percussion
Dans beaucoup de ses morceaux, Jan Vanek arrive à monter en intensité d’une manière exceptionnelle, pour atteindre parfois une sensation proche de la transe. Pour ce faire, il s’appuie sur un jeu très rythmique qui installe une cellule de base et varie autour avec l’improvisation mélodique, harmonique et rythmique. Il n’est pas étonnant de savoir que Jan Vanek pratique aussi la batterie et les percussions !
Pour développer cette dimension rythmique à la guitare, Jan Vanek s’appuie sur les techniques propres au flamenco, notamment tous les roulements de type « abanico », qui permettent d’obtenir des rasgueados continus. Il y mêle à des enchaînements rythmiques typiques de la guitare jazz manouche.
Jan Vanek a la particularité d’utiliser cette technique de rasgueado « abanico » en dehors des cordes, sur la table ou le dos de la guitare, pendant de longues plages, créant ainsi un effet percussif détonant. Il a même inventé des techniques qui n’appartiennent qu’à lui, comme par exemple, lorsqu’il produit des rasgueados sur les cordes étouffées tout en prolongeant le mouvement sur la table d’harmonie
Il fait preuve d’une inventivité sans égale pour utiliser les ressources sonores de la guitare, notamment à travers des frottements de toutes sortes, avec la paume de la main sur les cordes ou sur le dos de la guitare, des « pichenettes » avec les ongles sur les éclisses, des cordes étouffées et même du chant diphonique dans la caisse de la guitare… Il n’hésite pas à retourner la guitare sur ses genoux et à s’en servir de percussion, ou à la coincer entre ses jambes pour jouer de la batterie dessus. En ce sens, il est l’un des pionniers de la guitare dite « percussive » qui a beaucoup nourri le monde de la guitare acoustique ces dernières années (Andy Mc Kee…) et même celui de la guitare classique (Arthur Kampela…).
> Des postures singulières
En termes de posture, Jan Vanek a adopté principalement la posture avec les jambes croisées, rendue célèbre par Paco de Lucia. Lorsqu’il doit aborder des thèmes polyphoniques propres de la technique de guitare classique, il adopte parfois une posture atypique avec la guitare coincée entre les deux jambes et le manche vers le haut, qui n’est pas sans rappeler le violoncelle et la technique d’un Paul Galbraith par exemple.
Jan Vanek aime également déployer son jeu rythmique avec la guitare posée à plat sur les genoux. Dans ce cas, il joue aussi avec les harmoniques de l’instrument.
> L’influence des autres instruments à cordes pincées du monde entier
Poly instrumentiste, Jan Vanek est un passionné des instruments à cordes pincées du monde entier. (Il a donné des concerts et voyagé dans une quarantaine des pays) Cette passion l’a conduit à faire fabriquer des instruments nés de sa propre imagination, dans la lignée des guitares harpe qui s’étaient développées au XIXème siècle. (Il joue sur des guitares à 25 ou 30 cordes)
Dans son propre jeu de guitare en concert, il développe souvent des techniques propres aux instruments asiatiques comme le Koto, le Guzheng par exemple, notamment à travers les harmoniques naturelles ou artificielles ou les pizzicati. Il lui arrive aussi d’utiliser des accordages très spécifiques, développant des résonances inédites. Il arrive ainsi à élargir sa palette de jeu. Cette palette s’élargit d’autant plus que Jan pratique aussi de nombreux instruments à vent dont certains très singuliers et rares.
Tout comme sa personnalité, la technique de jeu de Jan Vanek est unique et singulière. Elle est au carrefour de plusieurs mondes mais nous rapproche de l’universel."
David Demange, janvier 2023
Guitariste et Directeur de la RODIA
«Autodidacte, guitariste de grand talent, compositeur interprète, poly-instrumentiste, Jan V. Vanek est un véritable jazzman globe-trotter.
Un musicien né, un virtuose au service de l’expressivité musicale. Partout où il se déplace, il observe, écoute et ramène des nouveaux sons.
Jan V. Vanek n’est pas tout à fait un inconnu. Cette personnalité discrète qui dit « que la notoriété ne l’intéresse pas de tout » (ce qui, avouez-le, n’est pas très courant chez les artistes…) laisse un souvenir bien vivace dans la tête de ceux qui ont pu le voir et l’entendre, ici et là.
A chaque fois, au-delà des apparences d’une virtuosité flamboyante et d’une rage de jouer très communicative nous avons le sentiment d’être en présence d’un artiste habité qui a encore bien d’autres choses à nous dire.
C’est l’intuition d’avoir affaire à un musicien précieux et rare.
Chercheur jusqu’au-boutiste depuis de nombreuses années, Jan n’a cessé de parcourir le monde à la recherche d’une communion avec la nature et les éléments, source permanente et intarissable d’inspiration musicale, spirituelle….
Suscitant un enthousiasme général à chacun de ses concerts, il est souvent apprécié pour son répertoire varié qu’il a su étoffer au fil des années. Musicien Franco-Tchèque, il dégage énormément d’énergie et de charisme. Il s’est trouvé lui-même…. »
Didier LEVALLET contrebassiste ancien Directeur de l’ONJ et de la Scène Nationale de Montbéliard
« Un concert de et avec Jan V. Vanek, c’est bien sûr une oeuvre artistique mais c’est également un parcours humaniste, une découverte, la rencontre avec un être entier y compris dans sa gentillesse et son écoute des autres, c’est assurément un moment rare et si particulier que chacun a envie d’y retourner qu’il soit musicien ou mélomane, novice ou habitué des salles de concert, chacun y trouve un plaisir, son plaisir.
Il est rare de voir autant de regards éblouis, de sourires sans fin, de difficultés à dire ce que l’on vient de vivre qu’à la sortie de chaque concert de Jan V. Vanek…
Ainsi, en fin de saison et comme une sorte d’apothéose, Jan Vanek nous a fait proposition d’un concert avec le Ciel Orchestra dans le Théâtre de la Rotonde. Un ensemble de musiciens animés d’une même passion voire d’une même folie, d’un même engagement voire d’un même acte liturgique.
Et ce qu’il nous a été donné à voir mais surtout à entendre ce soir-là était précieux, rare, divin, jouissif et s’adressait dans sa diversité à tout notre corps et surtout à tout notre être, à tout ce qui est le plus essentiel chez nous.
Un concert de Jan V. Vanek et du Ciel Orchestra est bien au-delà d’un concert, d’un moment musical fût-il magique : il est ce que la Culture doit apporter alors qu’elle n’est souvent qu’un produit de consommation, talentueux mais rapidement oublié. La musique de Jan nous touche et va bien au-delà de l’instant de l’écoute, elle touche au divin… »
Jacky Castang Directeur Scènes Vosges
Guitariste et poly-instrumentiste autodidacte (saxophones, flûtes, batterie, piano, harpe chinoise, koto, percussions, esraj…) fabrique lui-même certains instruments.
Il nourrit sa musique de toutes sortes d’inspirations : rythmiques indiennes, souffle continu, techniques de guitare inventées… mais surtout d’une écoute intense du monde, de la nature (les mines, les grottes…) et de son univers intérieur.
Entre routes et concerts, il s’imprègne des musiques du monde qu’il intègre au Jazz. Il voyage et donne des concerts entre autres au Japon, Canada, Chine, Polynésie Française, Ile de Pâques, Inde, Indonésie, Scandinavie, Hongrie, Serbie, Espagne, Portugal, Italie, Angleterre, USA, Nouvelle Zélande, Antilles, Egypte, Islande et tout récemment: Thaïlande, Cambodge, Malaisie …
Outre l’ensemble « Ciel Orchestra » et ses duo, trio, quartet… sous son nom il joue dans différentes formations : du swing au free jazz, de la musique fusion sortant des sentiers battus au tango de Piazzolla, de la musique classique et contemporaine au gypsi jazz revisité…
Si vous croisez quelqu’un qui joue du saxophone dans une cascade, de la flûte en haut d’un sapin, de la guitare au milieu d’une tourbière ou en train de tendre des cordes sur un vieil arbre creux pour fabriquer une harpe : c’est lui. »
Françoise BARRET conteuse